Déclaration de la FSU-SNUipp au CSE du 5 septembre 2024

Madame la ministre démissionnaire,

Mesdames et messieurs les membres du CSE

Si la rentrée scolaire est un temps fort qui rythme la vie des Français, et une étape cruciale pour les élèves, les familles, les enseignantes et enseignants, il est pour le moins inédit de la faire sans ministre. Fort heureusement, chaque année, la rentrée est portée par une forte émulation professionnelle individuelle et collective

Pour autant, les conditions de travail dégradées, la succession de réformes inadaptées aux enjeux et le manque criant de moyens, en particulier pour une inclusion scolaire de qualité, continuent d’abîmer l’engagement et la détermination des personnels.

Cette rentrée est une nouvelle fois « une rentrée pas ordinaire ». Si les deux précédentes ont été marquées chacune par l’arrivée d’un nouveau ministre et des déclarations intempestives d’Emmanuel Macron qui souhaitait faire du ministère de l’EN un ministère régalien, la rentrée 2024 se distingue par un feuilleton politique sur la nomination d’une ou d’un premier ministre.

La question récurrente de la rentrée scolaire est toujours y aura-t-il un enseignant devant chaque classe ? Ce à quoi, la réponse négative est toujours d’actualité. Cette année, on peut ajouter cette question : y aura-t-il un ou une ministre de l’Éducation nationale et restera-t-il à son poste durant toute l’année scolaire ?

Il faut dire que nous avons été échaudés l’année dernière où nous avons subi trois ministres et l’école s’est alors transformée en objet de communication politique pour ambitions personnelles. Mais l’école publique mérite bien mieux que cette position d’otage des agendas politico-médiatiques, elle doit être un outil de réussite au service des élèves et de la transmission des valeurs républicaines.

La communauté éducative est en attente de prise de décisions rapides sur les réformes engagées par le précédent gouvernement : nous appelons le ou la prochaine ministre de l’Éducation nationale à abandonner au plus vite un certain nombre de mesures inégalitaires, telles le Choc des savoirs et le Pacte enseignant, et à renouer un dialogue honnête avec l’ensemble des acteurs de l’éducation pour transformer notre école. Toutes ces mesures ont d’ailleurs fait l’unanimité contre elles au sein de cette instance sans pour autant que le ministère en tire les conséquences.

Il est urgent également d’abandonner la politique d’évaluations standardisées des élèves. Depuis 2017, les enseignants et enseignantes du premier degré sont soumis à une avalanche de prescriptions. Les évaluations nationales standardisées sont l’outil central de ce pilotage. Par le biais de ces évaluations nationales obligatoires, le ministère renforce cette culture de l’évaluation qui permet de contrôler les élèves, mais tout autant les pratiques enseignantes pour les normaliser, sans tenir compte de réalités de terrain très différentes et en portant atteinte à la liberté pédagogique. Les évaluations ne portent par ailleurs que sur une part très réduite des programmes. Elles sont donc inutiles aux progrès des élèves dans leur globalité et constituent une réelle dégradation des conditions de travail des enseignants.

Cette année, la FSU-SNUipp avec d’autres organisations syndicales appelle à la non- passation et pour cela engage une journée de grève spécifique pour le retrait des évaluations standardisées et pour une meilleure politique éducative.

D’autres mesures plus essentielles doivent être engagées au plus vite et en particulier l’abaissement des effectifs dans toutes les classes. Alors qu’ils sont un levier essentiel pour la réussite scolaire, nos effectifs d’élèves par classe restent désespérément supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Et même si le recteur de Toulouse diffuse dans les médias de véritables mensonges sur l’école en déclarant qu’aucune classe de son académie ne dépasse 23 élèves, la réalité sur le terrain est toute autre à Toulouse comme partout en France. Mais cette réalité du quotidien des enseignantes et enseignants est niée par le ministère.

A la rentrée 2024, ce sont encore 650 postes d’enseignant qui sont supprimés, et la carte scolaire se concrétise par 2251 fermetures de classes.

Il est urgent d’en finir avec les fermetures de classe et les suppressions de postes. Plutôt que de servir un objectif d’économie budgétaire, la baisse démographique doit bénéficier à l’école et aux élèves, pour permettre aux classes françaises d’atteindre des effectifs comparables à la moyenne européenne.

L’école doit bénéficier d’un « choc des moyens » avec un engagement budgétaire pluriannuel permettant de garantir les moyens nécessaires à son bon fonctionnement : baisse des effectifs dans toutes les classes, créations de postes de remplacement, de postes d’enseignants spécialisés, de PDMQDC …

Faute de gouvernement, la FSU-SNUipp a appelé les parlementaires, à travers une tribune parue dans Libération, à se saisir rapidement des enjeux et d’agir à court terme et à long terme afin de sauver le service public d’éducation. Il est temps que la République et ses élus fassent front pour l’école.